Act 4 scene 6 phedre de racine
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Phèdre lui oppose la passion dont elle a rêvé : «Ils s’aimeront toujours» et, dans la tirade des vers 1252-1294, elle passe du délire à la lucidité : n’est-elle pas capable de se voir elle-même comme «une amante insensée»? ne se demande-t-elle pas : «Que fais-je? Où ma raison se va-t-elle égarer?». Elle succombe moralement sous le poids de l’horreur qu’elle s’inspire à elle-même. Dans les vers 1257-1263, sa jalousie devient furie vengeressse, au nom aussi de son orgueil («je ne puis souffir un bonheur qui m’outrage»). Elle se veut impitoyable. Mais qui pourrait la venger? Thésée qui en veut à ce «sang odieux» qui coule en Aricie? mais comment peut-elle y penser : elle l’a trahi par son «inceste» et son «imposture», la tromperie par laquelle elle a fait accuser Hippolyte que son père a déjà décidé de châtier ! Il reste donc Aricie qu’elle veut «perdre» (c’est-à-dire «faire périr») avant de se rendre compte qu’elle n’est tout de même pas coupable d’être aimée d’Hippolyte ! En proie à l’impuissannce et à la honte, elle est sur la voie du désespoir. Elle commence par fuir le regard de «ce sacré Soleil» qui est son grand-père maternel, tandis que Zeus est son grand-père paternel et que les Titans sont ses «aïeux». Elle veut se cacher aux enfers et y expier ; mais elle y trouvera son père, Minos, qui y est juge suprême, qui y agite «l’urne fatale» où se fait le tirage au sort des jurés pour le jugement des morts : pour les crimes qu’elle a commis, «peut-être inconnus aux enfers !», il lui faudrait trouver «un supplice nouveau». Ainsi, toutes les issues sont fermées à Phèdre. Il ne lui reste plus qu’à courber la tête sous le poids des malédictions divines (les vers 1289, 1293-1294). Mais Racine qui, selon les mots de Gide, «est pieux» mais dont «le génie dramatique est impie», lui donne encore le regret de ce «crime affreux» dont elle n’a pas «recueilli le fruit», pour cet amour qu’elle n’a pas assouvi, qu’elle n’a savouré qu’en pensée : elle est de ces pécheurs qui