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Au lendemain de la confirmation du dépôt de bilan, les salariés redoutent le pire. Un véritable chaos social...
Il fouille au fond de ses souvenirs et en remonte un à la surface, un vieux. La gorge nouée et des vagues à l'âme. "C'était mon premier jour, en 1985. J'avais à peine 19 ans...", replonge Marc (1), air triste."Un ancien est venu me voir et m'a dit : 'Jeune, ne défait pas ton sac, on va bientôt fermer'". À l'époque, ce marin, aujourd'hui détaché au siège, admet n'y avoir accordé "aucune importance. Tout allait bien, souffle-t-il. La SNCM possédait 13 navires, employait 3 000 personnes et se déployait dans trois zones portuaires..."
Près de trente ans plus tard, cet homme au physique svelte, veste de la marine tombant sur les épaules, repense à la funeste prédiction de l'ancien, des trémolos dans la voix. Le visage fermé. Les traits tirés par le "choc" et les effets d'une nuit "sans sommeil". La veille, la sentence tant redoutée par les salariés de la SNCM est tombée, sèchement : "Dépôt de bilan". Dans le meilleur des cas, entre 800 et 1 000 travailleurs sur le carreau. Et une centaine de sous-traitants victimes des dommages collatéraux. "Une catastrophe !", tonne Paul, un autre marin. Pire : le chaos social total pointe à l'horizon."Je ne vois pas d'avenir avec cette direction qui nous trimballe de promesses en projets. Jamais tenues", peste Marc. "Ils vont nous mener à une liquidation". Comme ses collègues, malgré ses 30 ans de boîte, il se dit "dans la désolation". Et implore : "Il va falloir que l'État joue son rôle. Sinon, ça va exploser ! Ça ne tient qu'à une étincelle."
À l'extérieur, de violentes bourrasques s'abattent sur un café de la Joliette, face aux mornes grillages du port.À l'intérieur, la détresse s'étale : "On se sent pris pour des c... depuis le début", lâche Marc, "il y a des intérêts qui nous dépassent. Ils ont