Alain Bio E
Émile-Auguste Chartier dit Alain naît en 1868 à Mortagne-au-Perche (Orne) et meurt en 1951 au Vésinet (Yvelines). Plus qu’un philosophe, c'est d’abord un professeur, un « second Socrate » pétri de la pensée des grands auteurs vers lesquels il est toujours retourné, préconisant leur lecture attentive, car plutôt que de courir après la nouveauté, l’effort philosophique doit selon lui plutôt tendre à actualiser perpétuellement leur pensée, à désengourdir les questions fondatrices. Au rebours de la progression vers un système, sa pensée reste une réflexion ; contre la totalisation, la démonstration et le commandement, elle reste initiatrice, critique et éducatrice, émiettée au gré de ses fameux « propos », forme propre à penser universellement le particulier.
Le milieu où naît Alain ne le destine pas aux lettres. Fils d’un vétérinaire, il jugera plus tard son enfance anodine et paresseuse. Il entre au lycée d’Alençon – devenu depuis le lycée Alain – à treize ans, et y reste cinq ans. Il y perd la foi, brille en mathématiques, envisage de faire Polytechnique, mais ratant son baccalauréat en sciences, il se réoriente vers des études de lettres et prépare le concours de l’École normale supérieure au lycée Michelet à Vanves. C’est là que sa vocation philosophique s’affirme auprès de Jules Lagneau, professeur de philosophie original au phrasé lent, qui pousse ses élèves à la réflexion à partir de contradictions. Alain hérite de lui son rationalisme et conserve de son seul maître vivant cette parole comme un cap : « il n'y a qu’une vérité absolue, c'est qu’il n'y a pas de vérité absolue ».
Il entre à l’École normale supérieure où il ne rejoint pas ses camarades dans la vénération des grands maîtres d’alors, que ce soient Taine, Brunetière, Sainte-Beuve ou Renan. Il lit les grands auteurs, intégralement : Platon, Aristote, Comte – et Kant qu’il aime beaucoup.
Agrégé de philosophie, il commence à enseigner en lycée à vingt-quatre ans. Il collabore avec des