Alain - erreur
Quiconque pense commence toujours par se tromper. L'esprit juste se trompe d'abord tout autant qu'un autre ; son travail propre est de revenir, de ne point s'obstiner, de corriger selon l'objet la première esquisse[...]. Toutes nos erreurs sont des jugements téméraires, et toutes nos vérités, sans exception, sont des erreurs redressées. On comprend que le liseur ne regarde pas à une lettre, et que, par un fort préjugé, il croit toujours l'avoir lue, même quand il n'a pas pu la lire. Descartes disait bien que c'est notre amour de la vérité qui nous trompe principalement, par cette précipitation, par cet élan, par ce mépris des détails, qui est la grandeur même. Cette vue est elle-même généreuse ; elle va à pardonner l'erreur , et il est vrai qu'à considérer les choses humainement, toute erreur est belle. Selon mon opinion un sot n'est point tant un homme qui se trompe qu'un homme qui répète des vérités, sans s'être trompé d'abord comme ont fait ceux qui les ont trouvées.
Alain La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.
CORRIGÉ « Il n’y a que la vérité qui compte ». Voila une phrase qui, aujourd’hui, semble être admise par le plus grand nombre. Seulement, dire que seule la vérité est importante, n’est-ce pas aller contre une autre phrase commune qui nous dit que « l’erreur est humaine » ? Ou alors cela signifie que l’humain n’est pas important ? Le véritable problème, que se pose Alain dans ce texte, est en fait de savoir qu’elle est le statut de cette vérité tant adulée. Comment situer l’homme, faible est imparfait face à cette vérité qui vient de lui mais qui semble le dépasser ? D’abord, nous devrons nous interroger sur cette idée d’erreur humaine qui réduit l’homme à une valeur inférieure. Ensuite, nous devrons nous demander quelle est la valeur réelle de la vérité. Nous serons alors