Anthologie
(Choix établi par Andréas Brügger et André Rossier)
1
Arthur RIMBAUD,
Extraits de deux lettres, dites du voyant
« Voyelles », in Poésies
« Jadis, si je me souviens bien… », début d’Une saison en enfer
« Alchimie du verbe » (extrait), in Une saison en enfer
Paul VERLAINE,
« Gaspar Hauser chante », in Sagesse
Stéphane MALLARME,
« L’Azur », in Poésies
LAUTREAMONT
Les Chants de Maldoror, extrait du troisième chant
Guillaume APOLLINAIRE,
« Cortège », in Alcools
Blaise CENDRARS,
« Tu es plus belle que le ciel et la mer », in Feuilles de route
André BRETON,
Extraits du premier Manifeste du surréalisme
« Premiers transparents », in Signe ascendant
Paul ELUARD,
« Pour se prendre au piège », in Capitale de la douleur
Louis ARAGON,
« Sur le Pont-Neuf… », in Le Roman inachevé
Paul VALERY,
« Palme », in Poésies
Francis PONGE,
« L’orange », in Le Parti pris des choses
2
Lettres du voyant - extraits des deux lettres dites du voyant
Première lettre, à Georges Izambard, ancien professeur de Rimbaud –
13 mai 1871
[…] je serai un travailleur : c'est l'idée qui me retient, quand les colères folles me poussent vers la bataille de Paris - où tant de travailleurs meurent pourtant encore tandis que je vous écris ! Travailler maintenant, jamais, jamais; je suis en grève.
Maintenant, je m'encrapule le plus possible. Pourquoi ? je veux être poète, et je travaille à me rendre voyant : vous ne comprendrez pas du tout, et je ne saurais presque vous expliquer. Il s'agit d'arriver à l'inconnu par le dérèglement de tous les sens. Les souffrances sont énormes, mais il faut être fort, être né poète, et je me suis reconnu poète. Ce n'est pas du tout ma faute. C'est faux de dire : je pense : on devrait dire : On me pense. - Pardon du jeu de mots. Je est un autre. Tant pis pour le bois qui se trouve violon, et Nargue aux inconscients, qui ergotent sur ce qu'ils ignorent tout à fait !