I. Le rôle du prologue dans une tragédie moderne a. Prologue ou scène d’exposition Le prologue dans la tragédie moderne joue le rôle de la scène d’exposition au théâtre classique et le rôle de la préface à la fois. Dans le prologue d’Antigone de JEAN ANOUILH, il y a des indications scéniques qui signalent le décor et sa nature : il ne s’agit pas d’un décor fabuleux comme c’est le cas au théâtre classique, mais d’un décor neutre sans fantasmes. Les indications signalent aussi les activités des personnages qui sont regroupés sur scène : ceux qui bavardent, ceux qui tricotent ou qui jouent aux cartes. Une chose inattendue au début d’une tragédie. Le prologue débute par une présentation immédiate des protagonistes : une présentation qui montre que les personnages sont artificiels. Dans un style familier est ordinaire, le prologue trace un tableau vivant en montrant les protagonistes du doigt : ceux qui vont jouer sur scène et qui vont déclencher l’action. Les présentatifs ’’voilà’’ ’’c’est’’ sont très utilisés, ainsi que les démonstratifs ’’ce garçon pâle’’, ’’cet homme’’. La présentation faite par le prologue détermine les personnages et leurs rôles : « Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’’ au bout… » (p.10)
b. Les anachronismes La volonté de choquer le lecteur réel que nous sommes a amené Jean Anouilh, à exploiter l’anachronisme tout d’abord dans le texte lui-même. Nous sommes surpris par la présence du décor neutre et moderne de la scène, par la présence du ’’café’’, que La Nourrice apporte à Antigone, du ’’tricot’’ d’Eurydice, de la ’’cigarette’’ qui avait allumé Polynice, etc. L’anachronisme, veut montrer que le héros mythique est de tous les temps, comme il renforce le message de l’œuvre. En outre il illustre la modernisation et la rénovation du mythe. Notons que l’anachronisme également actualise le mythe et le modernise.