Article: axe de sécurité paris madrid
La France et l’Espagne sont les deux premiers pays à avoir mis en place des équipes communes d’enquête opérationnelles composées de juges, de procureurs et de policiers. Elles font des investigations depuis 2004 sur les groupes terroristes et la criminalité organisée.
Une active coopération associe la Guardia Civil espagnole et la DCRI française (le renseignement intérieur), la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire et le CGI espagnol (le Commissariat général à l’information). Une douzaine de policiers et gendarmes français, détachés en permanence au sein des services espagnols, exercent leur mission en collaboration avec un magistrat français.
L’année 2010 a été fructueuse : 190 commissions rogatoires délivrées et 131 personnes liées à l’ETA interpellées. Un policier – dont nous respectons l’anonymat – explique : « L’ETA est en difficulté. Mais ses militants continuent à recruter, voler des plaques d’immatriculation et trouver des planques. Ce qui leur a fait le plus mal est l’interdiction de leurs partis en Espagne. Il ne faut pas les sous-estimer : ils ont besoin de respectabilité et se tiendront calmes jusqu’aux élections municipales de mai prochain. Ensuite, la situation risque d’évoluer. »
L’ETA n’est pas le seul sujet de préoccupation des services. Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) est dans leur ligne de mire depuis que ce groupe cible ouvertement la France et l’Espagne, multipliant les tentatives d’attentat et les prises d’otages. En novembre 2009, Aqmi enlevait en Mauritanie Roque Pascual et Albert Vilalta, deux humanitaires espagnols. Leur captivité allait durer neuf mois. En juillet 2010, l’otage français Michel Germaneau était assassiné par la même mouvance. Le 16 septembre, cinq Français travaillant pour Areva et Vinci à Arlit (Niger) étaient à leur tour enlevés. Toutes ces affaires ont resserré la coopération entre Paris et Madrid.
L’Espagne vit aussi avec le spectre des attentats du 11 mars 2004