Arts libéraux / Mécaniques
L'opposition entre arts « mécaniques » et « libéraux » domina longtemps, dans la culture occidentale, l'architecture des activités aujourd'hui associées aux arts et aux sciences. Dès le ve siècle, une liste des sept « arts libéraux » avait été proposée par l'écrivain latin d'origine africaine Martianus Capella, au sein d'un manuel encyclopédique, les Noces de Mercure et de Philologie. Au viie siècle, Isidore de Séville intégra ces « arts » à la catégorie des « sciences sacrées », opposées aux « sciences de la nature ». Cette classification sera ensuite reprise, avec quelques variantes, par différents auteurs, tels Hugues de Saint-Victor et Honorius d'Autun, au tournant des xie et xiie siècles, puis par Thomas d'Aquin (1224 ou 1225-1274).
Or ce système ne se superpose nullement à celui qui est devenu le nôtre depuis l'époque des Lumières. On comptait en effet parmi les « arts libéraux » – au nombre de sept – la grammaire, la dialectique et la rhétorique (le trivium), ainsi que l'arithmétique, la géométrie, l'astronomie et la musique (le quadrivium), selon la terminologie fixée par le philosophe et homme d'État Boèce dès le vie siècle. Lettres, musique et sciences mathématiques se trouvaient ainsi associées, d'une façon d'autant plus paradoxale à nos yeux qu'elles étaient en revanche clairement dissociées d'autres « arts », devenus par la suite emblématiques de cette notion, tels le théâtre, la poésie et la danse et, surtout, les arts de l'image.
Ces derniers relevaient, sans ambiguïté aucune, des « arts mécaniques », qui, à l'opposé des arts libéraux, étaient censés requérir essentiellement l'usage de la main. Dans un monde où le manuel s'opposait à l'intellectuel comme l'inférieur au supérieur, et où « mécanique » signifiait aussi « avare » ou « mesquin », cette dichotomie était, à l'évidence, nettement hiérarchisée. Elle faisait des « imagiers » des artisans, au même titre que les cordonniers, chapeliers ou couvreurs –