Bonheur
2. Réponse spontanée et réponse paradoxale justifiéesA peu de choses près, les modernes commencent, avec Descartes, là où les anciens s’étaient arrêtés. L’esprit étant notre être même, et la pensée étant son action naturelle, il s’ensuit que le bonheur se confond forcément avec l’activité de l’esprit.Pourtant, cette même pensée, critique par elle-même, ruine peut-être la notion du bonheur.3. Argumentation de la thèse et de l'antithèse3.1. Thèse : la pensée comme activité unique de l’esprit« Je pense, donc je suis » : il faut entendre cette phrase au double sens que lui donne Descartes : primo, si je pense, alors je ne peux pas être rien, donc (déduction logique) je suis ; secundo, du fait même que je pense, je suis, parce que je suis cette pensée, qui épuise tout mon être. Je pense, donc (équivalence mathématique, =) je suis.Puisque je me résume entièrement à cette pensée, il est clair que mon bonheur se résume à découvrir les connaissances « utiles à la conduite de la vie » (Descartes le martèle tout au long du Discours de la méthode). On retombe ici, avec quelques aménagements, sur le « bonheur de philosophe » prôné par Platon. Je n’insiste pas sur ce point, assez facile à argumenter.3.2. Antithèse : la pensée critiqueAvec Kant, un glissement s’opère. Le bonheur est sans doute pensable ; mais parce que la raison seule donne une pensée rationnelle (en rapport avec le réel), alors si l’on s’interroge sur la possibilité d’être réellement heureux, il faut le faire avec l’aide de la raison. Malheureusement, la raison procède par une faculté critique contraire à l’idée même de bonheur. L’esprit critique, par définition, implique une réserve, une insatisfaction (une copie l’a relevé : bonus !), incompatible avec le bonheur au sens strict. Aussi, écrit Kant (et plusieurs copies ont su me le citer exactement, mais pas me l’expliquer, hélas) : « Le bonheur est un idéal de l’imagination. » Sous-entendu pas de la