Cannibale
Par Catherine le mardi 15 mai 2007, 07h28 - Courts romans - Lien permanent
Ce roman raconte un «fait divers» de l’histoire européenne, comme un symptôme pour illustrer une grave maladie. En 1931, pendant l’Exposition coloniale, des Kanak de Nouvelle-Calédonie sont échangés contre des crocodiles. Rien de moins !
Dans ce roman, Gocéné, le vieux Kanak, relate son expérience à de jeunes compatriotes indépendantistes de la Nouvelle-Calédonie. Il raconte donc comment dans sa jeunesse il a été transporté à Paris, pour faire un de ces voyages qui «forment la jeunesse». Pourtant, il s’agissait surtout de l’exposer, lui et 110 de ces compatriotes, dans des cages au profit des visiteurs de l’Exposition coloniale au milieu d’autres bêtes sauvages. Histoire d’ajouter l’insulte à l’injure, on sépare le groupe pour envoyer une partie d’entre eux dans un cirque allemand en échange de crocodiles. Minoé, la fiancée de Gocéné, est emportée dans ce groupe. Et voilà que la course folle commence tandis que Gocéné, accompagné de Badimoin, s’enfuit pour retrouver Minoé et les autres disparus. Ils partent ainsi à la découverte de Paris, jungle urbaine.
Je ne peux pas dire que j’ai détesté ce court récit, mais j’ai bien compris qu’il soit mis à l’étude dans certains collèges. Il est à ce point didactique que le récit en semble parfois aplati. Le discours anti-colonialiste mérite bien de se conjuguer dans toutes les langues et dans tous les niveaux de langue, mais il s’agit quand même d’un petit bouquin un peu sans envergure malgré l’intérêt pour la culture générale. De plus, j’ai été un peu énervée par le regard très européen que Gocéné porte sur la France qu’il est supposé être en train de découvrir. La richesse du vocabulaire et la précision des descriptions jurent avec la vision d’un être qui est supposé être en train de vivre un choc culturel