Caïn et Abel, "Révolte", Les Fleurs du Mal, Baudelaire
Dates 1821-1867.
Charles Baudelaire est un poète de la deuxième moitié du XIXe siècle. Considéré comme le poète qui fait la jonction entre le romantisme dont il s'éloigne et le symbolisme dont il est le précurseur, c'est un poète qui n'est donc pas en phase avec son époque, ce qui vaut d'ailleurs à son recueil le plus célèbre, Les Fleurs du Mal, une condamnation pour atteintes aux mœurs religieuses et publiques en juin 1857. Le poème « Abel et Caïn » n'est pas étranger à cette condamnation puisque il fait partie du « chapitre » intitulé « La Révolte » où Baudelaire prend clairement parti contre l’Église. En effet, le poème a pour sujet une opposition entre Abel et Caïn. Dans la Bible, Dieu affiche une préférence pour Abel, malgré les efforts de Caïn pour lui plaire, ce qui attise la jalousie de celui-ci. Pour se venger, il tue son frère et Dieu le condamne à être banni et à devenir vagabond. Baudelaire tire son sujet de son héritage romantique puisque Caïn est devenu le symbole du révolté, tout comme Satan, au 19e siècle. Ici, Baudelaire oppose donc le bonheur d'Abel face à la déchéance de Caïn dans la partie I, avant de détourner le processus dans la partie II, voire même faire prendre à Caïn la place de Dieu dans la chute du poème, ce qui justifie alors sa place dans le chapitre « Révolte ». Le registre est principalement pathétique, afin de bien accentué le sentiment d'injustice et de révolte.
[Lecture]
Le poème est composé d'octosyllabes et de rimes croisées. Il est lié par sa structure binaire qui oppose dans les 16 distiques du poème la situation d'Abel (de manière méliorative puis péjorative) et celle de Caïn (d'abord de manière péjorative puis méliorative). On note également les deux anaphores Race d'Abel/Race de Caïn constantes aux débuts des vers (avec une petite modification au vers 25, avec l'ajout de l'interjection Ah ! En début de vers).
Le poème est composé de 2 mvts d'abord la