A- Claude Debussy, La mer

« Vous ne savez peut-être pas que j’étais promis à la belle carrière de marin, et que seul les hasards de l’existence m’ont fait bifurquer. Néanmoins, j’ai conservé une passion sincère pour Elle ». Claude Debussy, évoquant des souvenirs d’enfance dans sa lettre datée du 12 septembre 1903 à André Messager.

Hokusaï, La grande vague, 1831. Gravure sur bois, 400x276cm,
Victoria and Albert museum, Londres

Debussy souhaitait avoir La vague de Hokusaï en couverture de sa partition, peintre japonais qui fit parti de l’univers du musicien.
Debussy adorait la mer ; elle l’a inspiré mais il ne cherche surtout pas à la décrire. La composition de La mer, trois esquisses symphoniques pour orchestre : De l’aube à midi sous la mer, Jeux de vagues, et Dialogue du vent et de la mer, débute en 1903 et elle s’achève en 1905 durant le séjour de Debussy sur la côte de La Manche à Easthbourne.
La Mer est sûrement la première grande œuvre impressionniste en musique. Elle est exécutée pour la première fois aux Concerts Lamoureux le 15 octobre 1905. Même si Debussy écrit dans une lettre que « la musique à cela de supérieur à la peinture, qu’elle peut centraliser les variations de couleur et de lumière d’un même aspect », il ne tient pas à décrire la mer par le biais de la musique. Il s’inspire de la nature sans l’imiter ni reproduire ses bruits. Néanmoins, l’influence de la peinture s’exerce de plus en plus sur les compositeurs de l’époque : En bateau, Sirènes, Voiles, Reflets dans l’eau de Claude Debussy, Paysages et Marine de Charles Koechlin, Jeux d’eau, Une barque sur l’océan de Maurice Ravel, Poème de l’amour et de la mer d’Ernest Chausson, La magicienne de la mer de Paul le Flem… Tous ces titres peuvent tout à fait être des titres de tableaux, permettant à l’auditeur de s’évader, d’imaginer un décor, un paysage, dès la lecture du titre de la pièce. Cela dit, Debussy écrit le titre de ses Préludes pour piano à la fin de la partition, pour