Claude gueux
Nous sommes réunis en ce jour pour le meurtre du directeur des ateliers de la Maison Centrale de Clairvaux, mon client étant inculpé de ce meurtre et risquant la guillotine. Nous pouvons nous poser la question : Pourquoi Claude Gueux a-t-il assassiné le directeur ? Qu’est-ce qui l’a donc poussé à commettre un tel acte ? Pour cela, il faut connaître les faits, un retour en arrière s’impose. Condamné à 5 ans de prison pour vol, mon client se lia d’amitié avec un homme dénommé Albin. Mais le directeur des ateliers, sans raison apparente, sépara les deux hommes. Pourquoi ? Claude et Albin faisaient un travail admirable, s’entendaient bien, et s’aidaient toujours mutuellement. Est-ce la jalousie qui poussa les directeur à les séparer ? Cela paraît évident, l’homme n’ayant jamais connu ni l’amour, ni l’amitié. Séparé de son ami, M. Gueux se retrouva seul entre ses quatre murs. Il demandait chaque jour au directeur de lui rendre Albin, en vain. Le jour du crime, mon client réclamait encore son compagnon au geôlier, ne comprenant pas son refus. D’après les témoignages des autres prisonniers, il avait énoncé un discours des plus sincères, des plus émouvants pour sa requête. Le directeur des ateliers était resté de marbre, froid, indifférent et dans une attitude de profond mépris. M. Gueux en était arrivé à le supplier (ce qui est assez humiliant), mais il ne broncha pas et persista dans son refus. Mon client, comme tout autre prisonnier, ne mérite pas un traitement pareil. Oui, il a volé pour nourrir sa famille ; oui, il est en prison, mais rien n’excuse un manque de respect pareil. Car, après tout, c’est un homme qui a sa dignité lui aussi, malgré ses actes. Aussi, on se pose la question : Pourquoi ce geôlier ressent-il le besoin de mépriser les prisonniers ? Aurait-il été brimé, oppressé dans sa jeunesse ? Et dans le cas où ces suppositions se révélaient bien fondées, pourquoi se « venger » sur des hommes dont la vie a déjà été