Commentaire balladur
Pour le constituant français de 1958, il ne s’agissait que d’un comité constitutionnel amélioré. Raymond Janot, membre du cabinet du Général De Gaulle, soutenait que ces compétences devraient être les mêmes que celles de son prédécesseur. Cependant, la pratique des institutions sous la Vème République va instaurer une nouvelle conception de cet organe de contrôle. D’un simple contrôle de conformité à la constitution, s’est imposé un contrôle vis-à-vis d’un bloc de constitutionalité élargi comprenant la constitution et son préambule. Or, ce dernier fait référence à la déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen de 1789 ainsi qu’au préambule de 1946 et en conséquence, à des principes fondamentaux tels que la liberté d’association posée par la loi du 1er juillet 1901. Cette nouvelle conception va avoir pour effet de modifier les rapports qu’entretient le Conseil constitutionnel avec les autres organes. L’institution fut pensée comme une arme de premier ordre face aux dérives du parlementarisme. Ainsi, des personnalités, telles que François Mitterrand, la considéraient comme assujettis au Gouvernement. Cette idée répandue s’explique par son mode de saisine : jusqu’en 1974 seul le Président de la République, le Premier ministre, et les présidents des deux assemblées pouvaient saisir le Conseil. Or, dans la logique de fait majoritaire qui s’est imposée après 1962, il fut rare de voir des oppositions entres ces quatre organes. Il n’en demeure pas moins que la révision constitutionnelle de 1974 marque un tournant primordial dans la conception que l’on peut se faire du Conseil constitutionnel. En effet, les modifications apportées à la constitution vont permettre la saisine du cette instance par soixante députés ou sénateurs. Ainsi, l’opposition va pouvoir s’imposer dans le