Commentaire candide chapitre 18
I- L’utopie
Ce sont d’abord les éléments du décor qui surprennent. Ainsi « la porte n’était que d’argent », « les lambris des appartements n’étaient que d’or », « l’antichambre n’était… que de rubis et d’émeraudes » ; le contraste est saisissant entre la tournure restrictive « ne… que » et les matériaux précieux évoqués : tout se passe comme si le peuple d’Eldorado ne faisait aucun cas de cette débauche de luxe renforcée par les parallélismes de construction et par la répétition. L’opulence naît de cette richesse considérée comme modeste. Voltaire insiste sur ce décalage en répétant qu’il s’agit d’un lieu modeste : « une maison fort simple, cette extrême simplicité ». La naïveté de Candide et le détachement des autochtones permet cette description paradoxale de laquelle s’impose d’emblée la dimension imaginaire du lieu.
L’exotisme du lieu confirme son caractère pittoresque et l’abondance qui y règne. Ainsi, ce « sofa matelassé de plumes de colibri » ne manque pas d’étonner l’européen qui lit Voltaire surtout s’il connaît l’autre nom du volatile appelé en effet « oiseau-mouche » en raison de sa petite taille. Outre l’exotisme de l’oiseau lui-même, sa petitesse laisse imaginer le nombre d’individus qui a pu servir à la réalisation d’un sofa ! Invraisemblance encore qui participe au pittoresque tout en confirmant la richesse du pays.
Voltaire, soucieux du pittoresque, ancre néanmoins celui-ci dans une réalité géographique que les voyages en Amérique aux XVI° et XVII° siècles