Commentaire comparé
Réflexions sur la traite et l’esclavage des nègres, de Cugoano et Réflexions sur l’esclavage des nègres de Condorcet, ont été écrit respectivement en 1781 et 1784. Condorcet appartient au mouvement des Lumières, alors que Cugano est un ancien esclave qui a été affranchi. Il s’agit d’une période de pré Révolution, la dénonciation des privilèges, à l’aube du renversement de la monarchie en France. Ecrits à 3 ans d’intervalle, ils traitent du même thème, c'est-à-dire l’esclavage, dont l’abolition n’aura lieu que 70 ans plus tard, en 1848. Dans les extraits étudiés sont des essais, celui de Condorcet se présente sous la forme d’une lettre à l’attention des esclaves. Tout deux s’emploient à dénoncer l’esclavage, mais chacun d’une manière différente, selon leur vécu, en particulier pour Cugoano et le mouvement philosophique pour Condorcet. Nous analyserons pour commencer leurs stratégies énonciatrices puis les stratégies argumentatives et pour finir leurs conceptions de la liberté.
Tout d’abord, on remarque une certaine symétrie de jugement autour d’une même cause, l’esclavage. Condorcet, tout comme Cugoano défend les esclaves. Il les met sur le même pieds d’égalité que lui, « mes amis » à la ligne 1, « mes frères » ligne 4 et trois occurrences de « même » aux lignes 6 et 7. Alors que le second auteur, qui a vécu ces atrocités, met en avant les souffrances qu’ils endurent, à fin de susciter la pitié du lecteur. On peut identifier un champ lexical du dégoût, du mal : « infâme » ligne 3, « crime » ligne 6, « servitude », « oppression » ligne 25, ligne 28 « la barbarie sauvage », à la ligne 38 « avidité », « cruelle », « oppressive ». Mais cela ne s’arrête pas là, Condorcet fait aussi une critique de ces hommes qui en utilisent d’autres, qu’il nomme « tyran » à deux reprises, aux lignes 30 et 32, il évoque le déshonneur de leur cause, la