Commentaire de texte (Nietzsche)
1873 mots
8 pages
Pourquoi travaille-t-on ? Pour gagner sa vie. En effet, le travail trouve d’abord une justification économique. Par le travail, je produis des biens utiles qui correspondent à une demande, à des besoins et je gagne les moyens de les consommer, cette consommation correspondant elle aussi à une demande impérieuse : la nécessité de répondre et de résoudre des problèmes biologiques et matériels posés par la vie : se nourrir, se vêtir, se loger. Le travail est donc d’abord une réponse économique à un problème biologique, celui de se conserver en vie, mais aussi dès lors signe de la servitude de l’homme au biologique, comme le dénonçait déjà Aristote. Mais , il y a pire encore, si l’on peut dire, dans le sens où pour gagner sa vie ou plutôt sa survie en travaillant, il semble qu’il faille d’abord la perdre et se perdre. Comme le soutient Nietzsche, dans cet extrait de Aurore , objet de notre commentaire, tout travail est d’abord une dépense d’énergie vitale et en ce sens « dur labeur », c’est-à-dire travail pénible et prolongé. Et, de cette perte d’énergie vitale découle , selon lui, la perte de notre individualité (l 1/4) au travers de celles de notre liberté et de notre humanité (l 5/12) ; ce qui ferait du travail , l’arme idéale d’une société sécuritaire ( l 13/15). Ceci dit, même si la thèse nietzschéenne est pertinente et fait écho à d’autres thèses , on peut se demander si dans le travail on est contraint de perdre sa vie à la gagner ?
Mais , Nietzsche s’interroge ici sur les véritables causes de cette « glorification » du travail. Pour lui, il y a plus qu’un simple enjeu économique ou particularisme historique , il y a d’autres raisons plus générales et durables sous-jacentes . Derrière cette louange intéressée du travail se cache « la peur de tout ce qui est individuel ». Qui en a peur ? Toute société. Toute société, quelle qu’elle soit, fonctionne sur une négation de l’individu pour assurer l’unité sociale, préféré à l’originalité dangereuse (car