Commentaire "la voix" de philippe jacottet
Philippe JACCOTTET, un poète du XXe siècle, a écrit un poème intitulé « La voix », dans un recueil publié en 1956, L'Ignorant. Le poème porte le même titre qu'un poème de BAUDELAIRE, qui entendait définir sa conception de la poésie et du poète ; après le surréalisme, quelle conception de la poésie peut s'énoncer, en un poème de quatorze vers ? On tentera d’abord de cerner l’identité de cette voix éponyme avant de constater que le poème établit entre elle et la poésie un lien de nature métaphorique. On peut alors lire le texte comme un art poétique.
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Le poème se présente comme une interrogation concernant une voix anonyme et venue d’on ne sait où. Il distingue la voix éponyme, qui « chante », de toutes les autres, qui font silence pour l'écouter. Ce sera le fil conducteur du texte : s'interroger sur la source de la voix, et en même temps tendre l'oreille pour l'écouter. Ainsi on peut lire une série de questions, anaphoriques d'abord : « Qui chante ? » Et d'où vient cette voix ? « là », nous indique le premier vers ; mais l'adverbe est finalement indéterminé : « hors de la ville » ou « là tout près » ? La suggestion d'un lieu précis, « à Robinson » demeure obscure pour le lecteur, qui projette par association d'idées la solitude du héros de DUFOE. La fin du texte apportera une réponse négative à cette série de questions : « nul ne le sait ». Mais l'ignorance de la source et l'identité de cette voix ne suspend pas le désir de l'entendre Au constat du silence accompagnant la voix au premier vers fait écho aux vers 8 et 9 le conseil de faire durer cette attention. Le « silence » appelé est placé en position de rejet, ce qui rend la demande solennelle. Et l'on comprend sa nécessité : comparée à « un vent de mars », elle porte à ceux qui l'écoutent « leur force » ; ils sont comparés aux « bois vieillis », et ainsi pourront sourire, à la suite de la voix « devant la mort ». Alors cette voix