Commentaire Madame Roland
Correspondance
Exécution de Madame Roland
In John S.C. Abbott
L’auteur : Manon Roland, née Jeanne Marie Philippon (17 mars 1754-8 novembre 1793), fille d’orfèvre, était une femme d’une culture et d’une éloquence rarissimes pour son époque et sa classe sociale. Elle se mit à l’écriture, et milita pour une religion du cœur fondée sur le sentiment de la nature, devenant ainsi une figure d’inspiration pour la génération romantique. Après la Révolution, elle devint une fervente républicaine, et fut l’instrument de la promotion de son mari Jean-Marie
Roland de La Platière dans la Convention girondine grâce à son salon politique. Elle fit de lui le ministre de l’intérieur des premiers gouvernements révolutionnaires mais il se rendit vite impopulaire pour sa trop grande mollesse. Manon devint la maîtresse de Buzot et resta avec ce dernier jusqu’à sa mort, causant le désespoir puis le suicide de son mari. Elle fut guillotinée, après les autres Girondins, à la suite d’un procès bâclé.
L’œuvre : De la Mélancolie (1771), Lettres, Mémoires
L’extrait : il s’agit d’une lettre à son amant et frère d’armes le député girondin Buzot, peu de temps après la condamnation des députés girondins le 2 juin, dans un été marqué par des insurrections à Paris et en province. Madame Roland est incarcérée à la prison de l’Abbaye, avant d’être transférée en octobre à la Conciergerie pour son exécution.
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Texte
Madame Roland, Correspondance.
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À MONSIEUR BUZOT , À CAEN.
22 juin [1793], de l’Abbaye2.
Je suis venue ici, fière et tranquille, formant des vœux et gardant encore quelque espoir pour les défenseurs de la Liberté. Lorsque j’ai appris le décret d’arrestation contre les vingt-deux, je me suis écriée : Mon pays est perdu ! – J’ai été dans les plus cruelles angoisses jusqu’à ce que j’aie été assurée de ton évasion ; elles ont été renouvelées par le décret d’accusation qui te concerne ; ils devaient bien cette atrocité à ton courage ! Mais, dès que je t’ai su au Calvados3,