Commentaire "Promenade de Picasso", Paroles, Prévert
« Promenade de Picasso », Paroles, 1945, Jacques Prévert
Comment Prévert fait-il l’éloge des formes artistiques modernes dans son poème à travers l’évocation de la représentation picturale d’une pomme ?
1. L’évocation d’un tableau figuratif
A. Un sujet de nature morte
Le titre, avec la référence à Picasso, nous place d’emblée dans le domaine pictural
La 1ère phrase (même s’il n’y pas de marque de ponctuation, les majuscules permettent de distinguer différentes étapes), des vers 1-2 introduit le sujet du tableau, mis en valeur par
- le jeu des sonorités à l’initiale des mots « pomme » « pose »
- l’évocation répétée de la forme circulaire (la forme de l’assiette, soulignée par l’adjectif redondant « ronde », appuyé par l’adverbe « bien », et la forme de la pomme en elle-même).
La répétition du mot « pomme » tout au long du poème confirme bien le fait que le fruit est le sujet principal (v. 2, 6, 9, 11, 12, 19…). D’ailleurs, elle est même souvent sujet grammatical (v. 2, 9, 19, 30).
La pomme et l’assiette renvoient à la nature morte traditionnelle en peinture.
Le mot « pose » annonce l’idée de modèle pour le peintre. Intéressons-nous à ce dernier.
B. Un peintre réaliste
Le titre, comme nous l’avons dit, nous place d’emblée dans le domaine pictural. Pourtant, paradoxalement, ce n’est pas Picasso qui est évoqué tout d’abord, c’est un « peintre de la réalité » (v.4).
Ce personnage sera présent tout au long du poème, jusqu’à la chute.
Le champ lexical de la peinture traverse l’ensemble du texte, s’agissant soit du peintre (mot répété 6 fois : v. 4, 21, 27, 40, 45, 52), soit de l’action grâce aux verbes (« peindre » v. 5 et 46, « tirer le portrait »), soit encore du modèle et du résultat (« pose » v. 2 et « modèle » v. 40 ; « toile » v. 54). « Les origines de l’art » sont également évoquées au v. 36.
Insistance sur une représentation de la « réalité ». Mise en valeur régulière