Comparaison
Pour présenter le texte
Cette fable se distingue des autres fables car LF n'a pas trouvé son sujet dans la littérature antique, c'est-à-dire ni chez Esope ni chez Phèdre, mais dans un recueil de nouvelles du 16e siècle de Bonaventure des Périers. Elle met en scène un personnage humain, socialement identifiable, une jeune fermière qui va vendre son lait sur le marché. Alors qu'elle imagine tout le profit dont elle pourra tirer de son lait et se perd dans cette pensée, elle fait tomber son lait et s'apprête à se faire battre par son mari. Le texte fait apparaître deux parties bien distinctes: un récit qui occupe les 2/3 de la fable et une moralité extrêment développée puisqu'elle s'étend sur 13 vers.
I Une fable plaisante
LF cherche à persuader son lecteur, en le séduisant à plusieurs titres. Il va tout d’abord travailler
1°) la composition de la fable
Celle-ci se présente sous forme de deux parties aisément distinctes, le récit du vers 1 à 27 et la moralité du v. 30 à 43. Deux vers isolables (v. 28-29) semblent articuler ces deux parties.
a) La dynamique du récit
Le récit développe amplement la situation initiale, qui consiste à rendre compte de tous les efforts de Perrette pour transporter son pot de lait (du vers 1 à 7) ainsi que de la progression de l'imagination de la laitière lors de son déplacement (v8 à 21). L'utilisation de verbes à l'imparfait, l'emploi du discours direct pour rapporter les pensées du personnages prolongeant ainsi la narration, semblent donner de la durée à cette situation, une forme de retardement, qui met du coup en valeur la chute soudaine du personnage: l'irruption de verbes au présent de narration en rupture avec ce contexte au passé rend sensible la brutalité du retour soudain à la réalité. Le dernier vers du récit (« En grand danger d'être battue »), tourné vers le futur immédiat de la laitière, permet d'envisager les conséquences douloureuses de cet événement.