comparatisme
UNE POETIQUE COMPARATISTE
Si la comparaison est une méthode universelle, connue de très longue date, commune à toutes les sciences, etc., (on y reviendra), pour quelle raison, en effet, définir et même baptiser la “nouvelle” discipline par un terme si ancien, si usé, si peu spécifique? Faut-il par conséquent le répudier, l’éliminer du “comparatisme”? L’embarras est grand. Le mot doit-il coller à la chose ou inversement? Et de quelle manière? “Non équivoque, peu heureux sans doute”, cette discipline est “mal nommée”, “il faut le reconnaître”. Soit. Étiquette peu “idéale”? Bien sûr. Mais par quoi le remplacer? Car – hélas – “il est déjà trop tard de la changer”, constatation désabusée mais lucide. Il ne suffit plus de se demander ironiquement (bien que l’ironie soit ici pleinement justifiée) quelle est la part de la “comparaison” dans la littérature comparée.
Doit-on s’étonner par la suite que la définition même du “comparatisme” reste toujours des plus imprécises, vouée à une ouverture déroutante, muée dans un laisser faire, laisser passer intégral et surtout très commode, qui frôle l’éclectisme sans rivage ou oscillant entre une contestation qui coupe tous les ponts et un scepticisme qui se veut sage? Le terme serait par conséquent “sans objet”. Il n’y a pas de “discipline propre”. Finalement, après une définition très élastique et qui veut contenter tout le monde, on prend des précautions de ce genre: “Chacun n’a plus qu’à retrancher de cette définition ce qui lui paraît (…) superflu pour aboutir à son propre portrait”. L’ironie n’est pas, semble-t-il, du goût de tout le monde, car d’autres comparatistes, également académiques, constatent que malgré tous les retranchements et les retouches possibles, la littérature comparée est restée bel et bien “une nébuleuse de questions et de problèmes”. C’est “une énigme enveloppée d’un mystère”, pour reprendre une boutade de W. Churchill. Mais, par delà les jeux d’esprit et les