Corpus : victor hugo, joachim du bellay, guillaume apollinaire et claude roy
Le recueil des Contemplations publié en 1856 est composé de deux parties. La seconde, « Aujourd'hui », rassemble les poèmes écrits par Victor Hugo après la mort de sa fille Léopoldine, le 4 septembre 1843.
« Oh ! je fus comme fou dans le premier moment,
Hélas ! et je pleurai trois jours amèrement.
Vous tous à qui Dieu prit votre chère espérance,
Pères, mères, dont l'âme a souffert ma souffrance,
Tout ce que j'éprouvais, l'avez-vous éprouvé ?
Je voulais me briser le front sur le pavé !
Puis je me révoltais, et par moments, terrible,
Je fixais mes regards sur cette chose horrible,
Et je n'y croyais pas, et je m'écriais : Non !
– Est-ce que Dieu permet de ces malheurs sans nom
Qui font que dans le cœur le désespoir se lève ? –
Il me semblait que tout n'était qu'un affreux rêve,
Qu'elle ne pouvait pas m'avoir ainsi quitté,
Que je l'entendais rire dans la chambre à côté,
Que c'était impossible enfin qu'elle fût morte,
Et que j'allais la voir entrer par cette porte !
Oh ! que de fois j'ai dit : silence ! elle a parlé !
Tenez ! voici le bruit de sa main sur la clé !
Attendez ! elle vient ! laissez-moi, que j'écoute !
Car elle est quelque part dans la maison sans doute ! Jersey, Marine Terrace, 4 september 1852. »
Hugo, Les Contemplations, 1856, Aujourd'hui 7, IV, 4
Texte 2
« Ô combien est heureux, qui n'est contraint de feindre
Ce que la vérité le contraint de penser,
Et à qui le respect d'un qu'on n'ose offenser(1),
Ne peut la liberté de sa plume contraindre ! Las pourquoi de ce nœud sens-je la mienne étreindre,
Quand mes justes regrets je cuide(2) commencer ?
Et pourquoi ne se peut mon âme dispenser(3)
De ne sentir son mal, ou de s'en pouvoir plaindre ? On me donne la gêne, et si(4) n'ose crier,
On me voit tourmenter(5), et si n'ose prier
Qu'on ait pitié de moi. Ô peine trop sujette ! Il n'est feu si ardent, qu'un feu qui est enclos,
Il n'est si fâcheux mal, qu'un mal qui tient à l'os,
Et n'est si grand' douleur, qu'une