I) La fin d'un siècle

a) La mort symbolique du lt Rénier

Le monologue de Messard débute part la découverte du corps du Lieutenant Rénier. Le soldat décrit comment Castellac et Ripoll ramène son corps et le font glisser dans la tranchée. Le corps est tiré par les bras, l'effort semble difficile. L'emploi, des adjectifs "lents" et "fatigués" pour définir les mouvements des deux soldats, renforce cette atmosphère pesante, pleine d'épuisement. Ensuite, le corps tombe aux pieds de Messard. Le verbe glisser est répété, appuyant sur la lenteur du déroulement de la scène comme si celle-ci se passait au ralenti. L'individu n'est pas immédiatement identifié, et sa mort n'est pas annoncée explicitement par Messard. L'enchaînement entre la phrase "j'ai su qui c'était" et "Le lieutenant Rénier" qui commence la phrase suivante, permet au lecteur de faire le lien. Un sentiment d'abandon s'en ressent aussi : "Il nous a menés jusqu'au front et il nous y laisse." Les phrases sont très courtes, le style est fragmenté, traduisant la lassitude de Messard et des autres soldats.
Les répétitions se poursuivent "relève", "tout à l'heure" donnant un effet de martèlement au texte. La phrase "la relève se fait maintenant" est essentielle. Elle est le prémice d'un évènement, d'un changement, et prend tout son sens avec la suite du passage. "Le lieutenant Rénier est mort et avec lui disparait tout son siècle" donne une valeur très symbolique à la mort de ce dernier. L'emploi de l'adverbe "tout" associé à l'adjectif possessif "son" donne une dimension d'intégralité et un fort sentiment d'appartenance. Le lieutenant "appartenait" donc à une autre époque. L'objectif de Laurent Gaudé, par le biais de Messard, est alors de mettre en avant l'horreur que présente cette "nouvelle" façon de faire la guerre. Il s'agit véritablement d'une guerre inédite, de part le nombre de tués, l'ampleur géographique, mais également l'apparition de nouvelles armes, la naissance des premiers bombardements, les