Demain dès l'aube analyse
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées, Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit, Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées, Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe, Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur, Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur. Analyse
Le poème peut être lu différemment en fonction de son épilogue ou des connaissances qu'on a des motivations qui lui ont donné naissance. Supprimer les dix-huit derniers pieds permettrait de le lire comme un poème d'amour qui pourrait être dédié à une femme aimée et vivante, que le poète va rejoindre. Mais, à l’avant-dernier vers, survient un coup de théâtre : on apprend qu’il fait en réalité un pélérinage sur une tombe qui ne peut être que celle de sa fille, Léopoldine, qui, quatre ans plus tôt, avec son mari, s’était noyée dans la Seine à Villequier.
Le poème a été composé le 4 octobre 1847, mais Victor Hugo lui a donné la date du 3 septembre, qui est la veille du douloureux anniversaire de cette mort. Ce décryptage d'une date à l'aide d'éléments biographiques est nécessaire car une connaissance «hors texte» s’impose pour élucider la situation d'énonciation. Le lecteur qui ne connaîtrait pas la situation familiale de l’auteur, qui ne lirait que ce seul poème, se poserait la question de l’identité du «je» et du «tu», du locuteur et du destinataire.
Quatre ans ont donc passé sans atténuer la douleur qu’il ressent. Avec une détermination qui n'exclut ni l'émotion ni l'imagination, il décrit par avance le cheminement