DESIRER EST-CE NECESSAIREMENT SOUFFRIR ?
Le désir est une faculté humaine, l’animant et le projetant dans un avenir incertain. C’est un produit de l’imagination, qui lui permet d’inventer, de créer, de s’illusionner. Lorsque l’homme croit, espère et désire, il imagine un sens et une finalité à sa vie. Il cherche ce bonheur parfait qui le comblera dans l’absolue, lui permettant d’oublier la fragilité et la futilité de sa misérable vie. Mais l’homme qui désire ne peut être satisfait, car ses désirs sont complexes et infinis, et tout objet de désirs implique une précision et une finitude. Ainsi, l’homme ne peut être comblé dans ses espérances et ses désirs, puisqu’ils ne peuvent être assouvis. Mais l’homme qui ne désire pas demeure un homme finit, sans projet ni but, il ne peut avancer. Dans ce paradoxe entre la souffrance et le désir, une question se pose :
L’homme qui désire est-il inéluctablement un être destiné à souffrir ?
Pour tenter de répondre à ce problème nous aborderons d’abord le sujet du désir et sa façon d’animer l’homme ; nous verrons ensuite en quoi l’homme qui désire est un homme qui souffre et nous étudierons enfin la mesure dans laquelle les désirs ne sont pas souffrances et peuvent mener à de réelles satisfactions.
I> Le désir, anime l’Homme
A) Eclaircissements
Pour mener à bien notre tentative de discernement, il faudrait commencer par quelques éclaircissements, destinés à nous ouvrir un chemin illuminé sur les traces du désir.
Le désir est un sentiment humain, le poussant à croire, à penser pour ne pas dire rêver et attendre un futur meilleur, parfait et incertain. Pourquoi ? Parce que le désir est un manque toujours insatisfait, renouvelé et indéfini comme l’assure Kierkegaard en attestant que « Le désir est une fuite sans fin. » Incontestablement, désirer c’est se projeter à l’infini, vivre dans cette quête d’un bonheur inaccessible. Et comme le désir se relance à l’infini, il est une fuite sans fin. Ainsi l’homme, égocentrique et égoïste, chercherait