Discours de Sadate à la Knesset le 19 novembre 1977
Le 9 novembre 1977, Sadate prononce un discours qui surprend le Parlement égyptien : il se déclare prêt à se rendre en Israël afin de parvenir à la paix. Dix jours plus tard, il s’y rend effectivement et s’exprime devant le Parlement israélien. Le discours de Sadate se veut très émouvant : « Toute vie perdue à la guerre est une vie humaine, que ce soit celle d’un Arabe ou d’un Israélien. Une femme qui devient veuve est un être humain qui a droit à une vie familiale heureuse, qu’elle soit arabe ou israélienne. Des enfants innocents qui sont privés de l’attention et de la compassion de leurs parents sont les nôtres, qu’ils vivent sur un sol arabe ou israélien. (…) Nous vous rejetions, et nous avions nos raisons et nos griefs. Nous vous appelions « soi-disant Israël ». Nos représentants et diplomates ne se saluaient pas, ne se parlaient pas directement. (…) Mais je vous dis aujourd’hui et je dis au monde entier que nous acceptons de vivre avec vous dans une paix durable et juste ». Il mentionne également la résolution du problème palestinien comme essentielle à cette paix « juste ». Le discours prononcé par le Premier ministre israélien Menachem Begin déçoit la délégation égyptienne par sa brièveté et parce qu’il ne répond pas à celui du Président égyptien.
Les Egyptiens ressentent dans un premier temps fascination et fierté pour le courage de leur Président qui a fait le premier pas. Son retour au Caire est un triomphe. Le discours officiel égyptien devient plus nationaliste (« l’Egypte a toujours été et sera toujours l’Egypte ») et critique envers les autres Etats arabes qui ne comprennent pas la vision de l’Egypte, et qui commencent à l’abandonner. L’Arabie saoudite prend notamment offense de n’avoir pas été consultée par Sadate avant son voyage. Il semble que le président syrien Hafez al-Assad ait été le seul leader auquel Sadate ait essayé d’expliquer son point de vue. Début 1978,