Quelle image des femmes se dégage du recueil Les Mains libres ?
Le thème de la femme est un sujet dominant dans l’œuvre des surréalistes, notamment dans le recueil collaboratif Les Mains libres, lequel présente dessins et poèmes de Man Ray et Paul Eluard. La vie de ces deux artistes fut liée, marquée, par un certain nombre de femmes, tantôt compagnes, tantôt modèles, sources de joies ou de larmes, collaboratrices et êtres oniriques. L’image de la femme dans le recueil reste plurielle. A travers la combinaison des mots et des illustrations, les deux créateurs témoignent de leurs visions de l’être féminin.
Nous verrons tout d’abord la femme en tant que référence de toute une vie, celle qui accompagne l’humain tout au long de son parcours, catalyseur de toutes les composantes du monde. Puis l’image de la femme objet, sujet des fantasmes, du désir possessif masculin. Par la suite : cette femme lointaine, intouchable. Enfin la femme piège semble être la dernière facette de l’être dyadique qui fascine tant les surréalistes.

Dessin et poème à l’appui, les artistes dépeignent la femme inspiratrice, elle est à la genèse de tout objet de ce monde. D’abord par sa condition de matrice, de mère. Puis par sa beauté : représentée au centre de la page, sans aucun décor, elle s’offre, tête en arrière, poitrine dénudée pointée vers le ciel : ‘’Le Don’’ de Man Ray la représente lumineuse, une véritable muse. Paul Eluard appuie sa puissance mystique et sensuelle avec la métaphore « Elle est noyau figue pensée ». ‘’Noyau’’, centre de la vie du poète, origine de l’homme. ‘’Figue’’, le fruit défendu de la religion juive mais aussi le sexe féminin : une femme secrète, intime, interdite. Et ‘’Pensée’’ : une source de connaissance, d’intelligence. Le vers suivant confirme « Elle est le plein soleil sous mes paupières closes », c’est-à-dire qu’elle donne la réponse à tout, autant génétiquement qu’intellectuellement. Cette divinisation de la femme se poursuit avec le couple de