L’œuvre de Justinien fut cependant rapidement battue en brèche. En Italie même, la plus difficile et la plus indispensable des reconquêtes, puisqu’elle rendait le contrôle de Rome à l’empire, les forces impériales furent bousculées dès 568 par les invasions lombardes, les dernières de la vague germanique, qui ne laissèrent aux Byzantins, à la fin du VIe siècle, que l’Italie centrale (Rome et Ravenne), une partie de l’Italie du sud et la Sicile. Plus grave encore, alors que la reconquête avait ouvert un troisième front, contre les royaumes barbares d’Occident, les deux autres fronts, dans les Balkans et face à l’Iran se rallument. Byzance sort difficilement victorieuse en 591 d’une guerre de cinquante ans contre la Perse. Dans les Balkans, les attaques du peuple turc des Avars se conjuguent avec la poussée du peuplement slave au détriment des populations de langue grecque. Enfin et peut-être surtout, les populations de l’empire, comme toutes les régions de peuplement dense du monde méditerranéen, sont affectées à partir de 541-542 par la première apparition de la Peste, qui poursuit ses ravages jusqu’au milieu du VIIIe siècle au moins, et brise la prospérité économique du monde byzantin.
C- Le désastre du VIIe siècle
Le recul se transforme en déroute au début du VIIe siècle. Les Avars et les Slaves enfoncent totalement le limes du Danube entre 605 et 615 et progressent jusqu’au Péloponnèse en quelques décennies. Les hellénophones se replient sur les côtes orientales de la Grèce. La relation terrestre est rompue entre Constantinople et Thessalonique, entre Thessalonique et la côte dalmate. Pour la première fois, les routes terrestres qui reliaient la capitale de l’empire à l’Italie et à Rome sont coupées. En Asie, la guerre reprise par les Perses en 605 leur assure en quelques années le contrôle de la Syrie, de Jérusalem (614), puis de l’Egypte (619-620). Le salut provisoire vient de la province d’Afrique, dont le fils du gouverneur, Héraclius, prend le pouvoir à