Dérive urbaine sonore

C’est un mardi ; un simple jour comme les autres avec toujours le même parcours qui donnent une touche d’originalité. Cependant, même s’ils sont plus ou moins aléatoires ils se ressemblent et se répètent.
Je fixe toujours ce tapis de goudron et de pavés qui défile sous mes pas, il en devient presque hypnotisant aujourd’hui. Pour le contrer je réduis ou augmente la vitesse de mon avancée. Ça change le rythme habituel de mes pas, un peu comme une danse involontaire. C’est à la fois perturbant mais entrainant. Mes yeux se portent toujours vers le sol, je ne sais pas si c’est toujours ainsi mais auparavant je n’y avais point fait attention. L’accélération de mes pas modifie ma vision du traditionnel trottoir goudronné, je vois à présent une avalanche constante de traits horizontaux noir, gris, blanc. En m’y concentrant un peu plus ce sont bien des lignes horizontales qui donnent un dégradé de couleurs du noir au blanc verticalement. Elles dansent de haut en bas un coup à gauche un coup à droite. Je ne m’étais même pas aperçu que le bruit assourdissant des va et vient des transports s’était tu, l’ambiance de cette danse linéaire avait rendu mon atmosphère sonore mi- sourd, mis en second plan. J’en arrive à ressentir des perceptions auditives, peut être me les crée-je ? Comme des bruits sourds puis aigus qui se fondent entre eux.

A force d’être dans cette ambiance je ne me sens pas très bien, le tournis me gagne. Je préfère m’arrêter mon esprit s’égare trop, je me sens dépasser. Cette danse est enfin finie. Immobilisée sur place je ne me sens pas vraiment en équilibre sur moi-même. Je relève doucement la tête pour ne pas brusquer plus cet état. Je regarde autour de moi, je me ne reconnais pas mon parcours habituel. Après le tournis je suis prise d’une anxiété vive car je constate que je me suis perdue. La conclusion est hâtive; je me suis perdue dans mes pensées et est déviée en fait mon chemin involontairement.
D’habitude je poursuis une