EA3 La musique
Intro : Le xixe siècle est marqué par l’apparition d’une nouvelle génération de poètes : les poètes maudits, êtres en marge de la société, superbes dans les airs, c’est-à-dire en poésie, mais maladroits ici-bas. Dans ses Fleurs du mal, Baudelaire désigne leur état d’isolement, de mélancolie profonde par le mot anglais spleen. Pour décrire leur expérience poétique, ces poètes établissent des liens forts entre la poésie et les autres arts. Baudelaire, poète mais aussi critique d’art, célèbre la peinture et les peintres dans « Les Phares », il évoque la sculpture dans « La Beauté »… Dans « La Musique » (1857) qui fait partie de « Spleen et Idéal », il évoque ce qu’il ressent à l’audition d’un morceau de musique
I) Un voyage musical

1) La musique : le thème et la forme
Le poème est formé de 2 quatrains et 2 tercets, mais ce n’est pas un sonnet.
Vers : alternance alexandrins – pentasyllabe alternance vers pairs et impairs (aller-retour entre le spleen et l’idéal) mais aussi des rimes masculines (« mer/éther ») avec les rimes féminines (« étoile/voile »…).
3 mouvements : ouverture très brève (phrase 1, vers 1) ; développement central passionné (jusqu’au vers 13) ; final très brutal, heurté, chaotique, sans verbe silence de l’auditeur quand la musique s’achève. Le titre du poème et son premier vers indiquent que c’est la musique qui donne son élan et préside à tout le poème. Tout part de la sensation auditive. Mais le poème ne comporte aucun terme technique musical précis et, après le 1er vers, le champ lexical de la musique disparaît ; seuls les mots « vibrer » et « bercent » peuvent encore appartenir au réseau lexical de la musique. les enjambements créent un bercement, un rythme qui entraîne et envoûte le lecteur.
Les sonorités contribuent à donner au poème sa musicalité suggestive : les allitérations en v et en f du premier tercet reproduisent le son du « vent », les allitérations en m de la dernière strophe suggèrent le « calme » qui clôt à la fois