Egalite des differences
1999
INTRODUCTION
La question de la fin de la vie, pour ne pas dire de la mort, naît de l’intervention de nouveaux acteurs et de l’allongement de la durée de la vie. Elle revêt désormais des aspects éthiques dans le sens où elle remet en cause une certaine conception du monde et des hommes.
Notre époque adopte une attitude paradoxale face à la mort, puisque nous assistons d’un côté à son rejet social qui ne cesse de s’accroître (y compris dans le langage), et de l’autre à un renouveau incontestable qui semble s’institutionnaliser et se professionnaliser, avec une tendance certaine à s’en décharger sur un certain nombre d’institutions (tels que les services de gériatrie). Une personne en souffrance ou en détresse devant sa mort prochaine fait tomber toutes les étiquettes professionnelles, parce qu’elle a besoin de rencontrer quelqu’un qui la comprenne, l’écoute, l’aide, lui prête attention et intérêt. Or, les personnes âgées meurent mal aujourd’hui, tout d’abord de souffrir, puis d’être seul. La douleur physique relève de l’aspect médical, mais la solitude ne peut être résolue du seul fait d’une injection de morphine, même si celle-ci représente quelquefois la seule alternative possible. Il est donc indispensable que l’esprit des soins palliatifs se diffuse à toutes les catégories de professionnels dans tous les services hospitaliers.
Les soins palliatifs et l’accompagnement sont devenus un nouveau champ de connaissances et de pratiques cliniques, un sujet de société et un problème de santé publique prioritaire. Cette question de politique sanitaire mobilise en effet aujourd’hui les plus hautes instances (ministère de la Santé, commissions du Sénat et de l’Assemblée nationale, Conseil économique et social), suscite des circulaires ministérielles, s’inscrit dans la loi, et justifie même depuis peu des mesures financières spécifiques. Cette évolution ne semble pas tellement étonnante dans la mesure où les