Empire de signes de roland barthes
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Roland Barthes, après ses séjours au Japon entre 1966 et 1968 pour donner des conférences, revient en France avec un carnet rempli de notations. Elles vont être retravaillées dans son ouvrage intitulé L’Empire des signes qu’il publie en 1970. Le livre regroupe donc des textes fragmentaires qui font part des observations et impressions de la vie quotidienne japonaise accompagnées d’une analyse du haiku dans les quatre textes, « L'effraction du sens », « L'exemption du sens », « L'incident » et « Tel ».. Dans le premier texte l’auteur déclare: « Vous avez le droit, dit le haiku, d'être futile, court, ordinaire…. »[1]. Pourtant cette invitation à une nouvelle façon d’écrire, de sentir et de penser nous intrigue car elle fait vaciller le socle de la conception occidentale envers le texte. Le haiku, dans la manière que Roland Barthes le présente, semble effectivement donner à l’Occident de nouveaux droits. L’écriture peut enfin se permettre d’être insouciante et spontanée tout en évitant l’opprobre du non-sens. La brièveté et la « simplicité » du haiku étonnent donc un public habitué à une écriture qui doit comporter une charge de symbolique par des ajouts stylistiques et rhétoriques.
En effet, Roland Barthes met volontairement en cause la demande envers le langage de véhiculer à tout prix un savoir. Il pose la question s’il ne faut pas parfois prendre de la distance avec cette exigence afin d'écarter le risque que le langage, au lieu d’être le passeur du sens, puisse au contraire l’enfermer, le figer et devenir contre-productif.
Nous allons donc étudier l’interprétation que fait Roland Barthes du Japon et du haiku, dans son ouvrage l’Empire des signes. Ensuite nous nous poserons la question de savoir comment le haiku, tel que Roland Barthes le définit, peut mettre en doute notre conception du langage qui doit véhiculer un sens à tout prix. Enfin, nous verrons