En matière de religion, peut-on croire sans raison ?
Ce cours sur la religion est plus précisément un cours sur les rapports entre la raison et la foi. J’expose les deux grandes thèses concernant ces rapports : le théisme, et le fidéisme. La première considère que la foi, si elle n’est pas justifiée par la raison, est absurde, et, bien sûr, présuppose qu’il est possible de justifier par la raison la croyance en Dieu. La deuxième considère au contraire que la foi se suffit à elle-même et par conséquent n’a pas besoin d’être justifiée par la raison ; de toute façon, c’est une tâche impossible à la raison.
L’aspect général du cours vient de ce que j’estime ne pas pouvoir trop me prononcer sur l’expérience religieuse, que je ne pourrais comprendre, faute de l’avoir jamais connue. De plus, ce cours est délicat, et il me semble que le premier devoir du professeur de philosophie est de chercher à ne froisser aucune conviction personnelle (attention : par « conviction personnelle », ici, je n’entends nullement l’opinion, le préjugé, qu’il est par contre de notre devoir d’essayer de vous enlever. Par exemple, je fais la différence entre « croire que les races sont inégales », qui est une opinion fausse, non fondée, et « croire en Dieu » -évidemment, à condition que celui qui ait cette croyance ne veuille pas l’imposer de force aux autres, et reconnaisse à son tour que celui qui ne croit pas en Dieu n’a pas « tort » ; ce qui me paraît être pratiquement impossible, mais j’en ai déjà assez dit sur ce point)
Note sur l’emploi des termes de « foi » et de « croyance » :
En général, ces deux termes ne sont pas synonymes. La notion de croyance est plus vaste : la croyance désigne un assentiment à des affirmations dont la démonstration est insuffisante, ou bien dont je ne connais pas les fondements. Je peux croire que le père noël existe, que la neige est blanche, que Jeanna d’Arc a existé, que la terre est ronde, etc. La croyance n’exclut pas le doute, bien au contraire : la croyance s’oppose, avons-nous