Commentaire « L’Ennemi »
La section à laquelle appartient « L’ennemi », est la première section d’un recueil en six parties que nous devons lire comme un cheminement spirituel depuis le conflit manichéen entre l’aspiration à une idéalité de symbiose avec l’univers et une plongée inexorable dans la noirceur spleenétique jusqu’à un exutoire vers la MORT. Une mort libératrice de l’horreur de vivre.
Le sonnet « L’ennemi » se situe au tout début de la section : après six poèmes qui mettent en exergue la grandeur du poète, un univers où « Les parfums, les couleurs et les sons se répondent. » (« Correspondances », v.8). Succèdent à ces six premiers poèmes cinq textes à la coloration sombre et obscure. Et déjà, en ce début d’œuvre, nous percevons le spleen comme le poids de toute les détresses et souffrances éprouvées dans sa « chair » et dans son « âme », comme un sentiment accablant de la médiocrité inexorable du quotidien, un quotidien qui pèsent sur l’homme, l’anesthésie.
Le poème qui nous intéresse ici, dévoile une des hantises baudelairienne : la fuite du temps, le destin d’un homme livré à une déchéance implacable.
A quelle métaphore filée le poète a-t-il recours pour exprimer la fonction de cet « obscure Ennemi qui nous ronge le cœur » (v.13) ?
Nous envisagerons en un premier temps le vocabulaire concret de la tempête et de la destruction ainsi que le champ lexical du jardin. Puis nous tenterons de mettre en lumière la valeur symbolique de ces images et ainsi peut-être trouverons nous la manière dont Baudelaire perçoit « [s]a jeunesse » (v.1) et l’automne des idées » (v.5).
Force nous est de relever l’opposition manichéenne entre les deux premiers alexandrins. En effet, « un ténébreux orage » nous dévoile la symbolique des notations visuelle et sonore chez Baudelaire, les ténèbres, l’obscurité ainsi que la douleur du Spleen et le signe de la permanence absolue. Alors que l’éclat et la luminosité des « brillants soleils » expriment symboliquement le bonheur