Etranger et psychanalyse
Pierre-Stanislas Lagarde
Nous avons donc décidé de consacrer cette année au thème de l’Étranger. Ce choix n’est pas le fait du hasard, il est significatif à plusieurs titres. La première signification possible, étant celle du recentrage de notre sujet, celui, je vous le rappelle, qui s’inspire de notre pratique psychothérapique avec des étrangers. Mais on peut voir aussi, dans le choix de ce thème - l’Étranger - un abord, cette fois, frontal du sujet, une manière de s’y confronter radicalement qui irait au-delà de ces diverses dimensions que sont la Culture, le fait migratoire, le traumatisme, toutes dimensions que nous avons d’ailleurs envisagées au cours des quatre premières années de ce séminaire.
Confrontation rendue d’autant plus ardue en raison, tout d’abord, de ce que la perspective dans laquelle nous souhaitons inscrire l’Étranger ne serait pas culturelle, sociologique, voire politique, mais relèverait spécifiquement du fait psychothérapique qu’est le nôtre, et qui plus est, d’une psychothérapie se réclamant d’inspiration psychanalytique. Car, croyez-moi, la définition de l’étranger est beaucoup plus aisée à cerner aux plans politique et historique par exemple, qu’au plan psychanalytique.
Ardue également, en ce que l’objet auquel nous nous confrontons -l’Étranger- est à lui-même une notion d’une rare multivocité.
En d’autres termes, se posent à nous les questions qui suivent :
[pic] 1° Celle qui porte sur la pertinence, ou non, au sein d’une théorie dite d’inspiration psychanalytique, de la notion même d’étranger. L’Étranger, en effet, peut-il se prévaloir - à défaut de recouvrir une quelconque disposition névrotique telle que l’hystérie ou bien la névrose obsessionnelle par exemple - du statut de concept dans le cadre de la théorie psychanalytique ?
[pic] 2° Et s’agissant justement de “concept”, on est en droit de se demander si le terme d’étranger, toute considération psychanalytique mise à part, relève, ou non, de cette