Flaubert
Gustave Flaubert
BOUVARD ET PÉCUCHET
Œuvre posthume (parution 1881)
Table des matières CHAPITRE I..............................................................................3 CHAPITRE II ..........................................................................26 CHAPITRE III.........................................................................69 CHAPITRE IV .......................................................................120 CHAPITRE V..........................................................................161 CHAPITRE VI .......................................................................189 CHAPITRE VII......................................................................227 CHAPITRE VIII .................................................................... 241 CHAPITRE IX .......................................................................299 CHAPITRE X ........................................................................347 Notes de l’auteur ................................................................... 391 À propos de cette édition électronique................................ 398
CHAPITRE I
Comme il faisait une chaleur de 33 degrés, le boulevard Bourdon se trouvait absolument désert. Plus bas le canal Saint-Martin, fermé par les deux écluses étalait en ligne droite son eau couleur d’encre. Il y avait au milieu, un bateau plein de bois, et sur la berge deux rangs de barriques. Au delà du canal, entre les maisons que séparent des chantiers le grand ciel pur se découpait en plaques d’outremer, et sous la réverbération du soleil, les façades blanches, les toits d’ardoises, les quais de granit éblouissaient. Une rumeur confuse montait du loin dans l’atmosphère tiède ; et tout semblait engourdi par le désœuvrement du dimanche et la tristesse des jours d’été. Deux hommes parurent. L’un venait de la Bastille, l’autre du Jardin des Plantes. Le plus grand, vêtu de toile, marchait