Gilbert et georges
Une sélection de quatre-vingt cinq pièces de la série la plus récente du couple d'artistes londonien est exposée actuellement au musée BOZAR de Bruxelles. Quarante ans de recherche aboutissent sur ce travail qui est considéré par certains critiques d'art comme le plus fin philosophiquement, et le plus violent visuellement. Jack Freak Pictures est une synthèse de leur oeuvre, une affirmation des thèmes et des émotions qu'ils explorent depuis ces quarante ans: la vie en milieu urbain dans ce qu'elle a de sensible et d'impitoyable, la discrimination et les rapports entre les classes, la sexualité normative, la mort, la religion,... Des thèmes qui concernent tout le monde, ce qui souligne leur slogan « l'art pour tous ».
La critique de ces différent champs sociaux est ici enveloppée par l'Union Jack, drapeau chargé d'histoire et de symboles, servant de lien entre les montages kaléidoscopique gigantesques des deux artistes. Comme autres éléments issus de la culture populaire, les médailles et les décorations honorifiques se retrouvent aussi régulièrement. Et enfin, bien sûr, au centre de ces assemblages patriotiques et commémoratifs, apparaissent Gilbert & Georges, comme à leur habitude en deux penseurs à contre-courant, parfois plein de fierté et de louange, ou habité d'appréhension et d'anxiété face à ce drapeau anglais qui les entoure et parfois les habille.
Cette série redondante d'énormes formats faisant penser à des vitraux d'églises de films de science-fiction me laisse sincèrement perplexe. Gilbert et Georges veulent-il, pour je ne sais quelle raison, provoquer un sentiment de malaise et de saturation chez leur public par leur systématisme? Quoi qu'il en soit je trouve dommage d'étouffer le sens de leurs oeuvres, qui est déjà difficile à décrypter au travers du langage codifiés qu'ils se sont créé, par une telle répétition indigeste de couleurs et de formes. Les oeuvres elles même, et leur symboles, leur sens,