Giono
On peut cependant être surpris de voir ce roman classé parmi les « œuvres contemporaines françaises ». Comment considérer comme « contemporain » un roman paru en 1947, il y a plus d’un demi-siècle ? La littérature contemporaine, selon l’acception la plus courante, se limite à celle de ces vingt dernières années. Quand on réfléchit à la périodisation de l’histoire de la littérature au XXe siècle, en effet, on repère généralement une césure dans les années 80. L’œuvre de Giono, mort en 1970, se situe bien avant ce tournant.
Les textes officiels donnent cependant quelques éléments d’explication : « Le programme de la classe terminale indique, dans les finalités assignées à cette classe, une approche de "l’immédiat contemporain" : aussi, pour la France, s’accordera-t-on à considérer notamment les œuvres publiées à partir des années 1980 ; mais pour les productions étrangères et certaines œuvres françaises, le temps nécessaire à leur diffusion et à leur reconnaissance impose une chronologie plus large. »
Le choix d’Un roi correspondrait donc à ce dernier cas, envisagé pour « certaines œuvres », celui d’une diffusion différée, d’une réception décalée. Ce roman de Giono serait notre « contemporain » parce qu’il n’aurait pas trouvé, en son temps, la « reconnaissance » qu’il méritait. Peut-être serions-nous mieux placés, aujourd’hui, pour apprécier sa modernité parce que ses contemporains, précisément, ont pu la manquer. Il faut donc prendre au sérieux l’affichage des textes officiels. Admettons qu’Un roi appartient à notre littérature contemporaine en raison du temps qui a été nécessaire à sa reconnaissance : qu’est-ce à dire ?