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Windows on the World, de F. Beigbeder
Pour aborder sainement un livre, il faut oublier toutes les polémiques qui l’entourent éventuellement : concernant Beigbeder, elles sont nombreuses, et n’ont pas à intervenir dans le cours des lectures, que l’on recherche simplement un plaisir de lire ou qu’on approfondisse le roman. Je parlerai donc de Windows on the World, sorti en septembre 2003, avec une innocence doublée de fortes exigences. Cela s’impose, pour dépassionnaliser le débat, et arriver à une vision juste de ce livre, sans a priori encombrants.
Ceci n’est pas un éreintement : Windows on the World n’est pas nul. Ce n’est pas non plus un éloge: il ne faut pas charrier. C’est simplement une lecture sérieuse.
Je ne me suis pas ennuyé. C’est important : l’érudit comme l’épicurien veut qu’un livre l’emporte ou l’étonne, et WW se révèle assez riche pour satisfaire à cette attente. Les chapitres sont brefs, variés, chacun apporte de nouvelles péripéties ou réflexions faisant avancer le roman.
Les heures de 8 heures 30 à 10 heures 30 donnent leurs titres aux chapitres : selon cette structure apparente, les chapitres impairs montrent le personnage Carthew Yorston vivre les deux dernières heures de son existence, le 11/9/2001, en haut de la Tour 1 du World Trade Center ; les chapitres pairs se rapportent à un narrateur français – Beigbeder, c’est autographique – qui, postérieur au désastre, y réfléchit et s’en trouve transformé progressivement. Cette alternance est dynamique ; les deux moitiés du roman se nourrissent l’une l’autre. Par cette alternance, WW évoque d’ailleurs W ou le souvenir d’enfance, de Perec, qui alterna pareillement des chapitres autobiographiques et des chapitres narratifs évoquant un autre désastre, l’Holocauste. Cependant, la ressemblance entre les deux livres n’est pas suffisante (ou Beigbeder a raté son coup) pour l’étudier plus loin.
D’autre part, WW permet au lecteur une double identification plutôt réussie