Ideles mutations du jihad international
Les dernières lignes de l’ouvrage avaient été rédigées en décembre 2003. En un peu plus de deux ans, la situation a connu de profondes évolutions. Pour paraphraser le titre d’un livre de Bernard Lewis : islam combattant, que s’est il passé ?
D’abord force est de constater que le bilan de la lutte antiterroriste reste mitigé. Bien sur, la menace est provisoire. Privée de tout projet, hormis celui - quasi nihiliste - de dresser sur les ruines du monde impie la bannière d’un islam dévoyé, la mouvance moujahidin ne peut prétendre qu’a son martyre final. Encore faut il admettre que, dans cette attente, elle aura fait preuve d’un réel pouvoir de nuisance, en raison de sa connaissance instinctive des faiblesses du monde démocratique. Le terrorisme, forme ultime de la violence politique, est d’abord fondé sur une énergie. Comme une vague de fond, il apparaît par surprise, prend sa course sur le temps, avant de disparaitre une fois en contact avec la terre ferme.
Le provisoire dure et la mouvance moujahidine a marqué incontestablement des points. Les principaux chefs de la mouvance AQ sont toujours en fuite, même si arrestations ou neutralisations périodiques en diminuent régulièrement le nombre. La menace est aujourd’hui quasi mondiale et le seul continent épargné, semble l’Amérique du Sud où, fin 2004, a été évoquée la présence de petites structures logistiques et de militants en fuite. Les excès de la lutte ont divisé l’alliance anti terroriste, dont de nombreux partenaire en particulier européens et musulmans se sont opposés à sa participation à la guerre en Iraq. Celle ci a contribué au final au renforcement d’une nouvelle génération de militants très détermines et mal identifiables. Les attentats jihadistes sont aujourd’hui quotidiens. La persistance des craintes provoque dans la durée un ralentissement supportable mais perceptible des activités économiques. Enfin de nouveaux modes spectaculaires d’action