Introduction sur le mal
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L e m a l : I n t ro d u c t i o n g é n é r a l e
Pourquoi un programme portant sur le mal ?
L’homme est toujours à la recherche de son bonheur. Il est donc logique de considérer qu’il privilégie tout ce qui lui semble avoir trait au Bien, dans son existence comme dans le monde : il vise l’harmonie pour pouvoir bien vivre. Toutefois ce postulat est battu en brèche aussitôt qu’il est formulé. En effet, le bien n’est pas aisément accessible : il faut parfois subir le mal avant de l’atteindre ou sans réussir à l’atteindre, et il faut parfois commettre le mal pour tenter de l’atteindre. L’être humain cherche le bien, mais il expérimente surtout le mal, involontairement souvent, volontairement quelquefois. Le mal provoque toujours un choc, un scandale : il apparaît aussi puissant qu’arbitraire, et l’aspiration humaine au bonheur semble souvent incapable de lutter contre les manifestations de ce mal protéiforme. Notre programme nous invite à interroger cette notion apparemment unanimement récusée et pourtant inévitable : quelle place devons-nous accorder au mal dans une réflexion portant sur l’homme et sa condition ? Quelle définition du mal est-il possible de construire ? A quel problème général cette tentative de définition aboutit-elle ?
1. TENTATIVES DE DEFINITION
1.1. MAL ET MAUX
1.1.1. Domaines de définition En théologie et en philosophie, il est d’usage d’opposer le mal physique, défini comme celui que l’homme subit, et le mal moral, celui que l’homme commet. Dans le premier cas, l’homme est l’objet du mal : il subit le malheur, la maladie, la souffrance, la mort. Dans le second cas, le mal correspond plutôt au crime, à l’intention de nuire, à ce que la théologie nomme le « péché ». Le mal métaphysique, quant à lui, résulte de l’imperfection inhérente à la condition humaine1. Mais mal subi et mal commis sont liés, ne serait-ce que parce que la souffrance subie par les uns est