Kant le jugement esthétique
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Le dédoublement entre ce qui est esthétique et ce qui est logique correspond au découpage qui est celui de la théorie transcendantale des éléments de la Critique de la Raison Pure. Mais là où il y avait un dispositif vertical (passage de l’esthétique au logique), il y a à présent un dispositif horizontal lié à une division entre une appréhension subjective que le sujet ressent en face de ce qui lui apparaît comme symbole de l’harmonie entre ses propres facultés et une appréhension objective de la finalité de la nature relativement à la possibilité de l’objet lui-même. Ainsi, dans un objet empirique, on peut considérer la finalité soit à partir d’un fondement subjectif, comme harmonie de sa forme dans l’appréhension de cet objet avant tout concept, soit à partir d’un fondement objectif, comme accord de sa forme avec la possibilité de la chose même. Mais jugement esthétique et jugement téléologique ont ceci en commun que, contrairement au jugement scientifique, ils ne peuvent déterminer a priori leur objet ni prétendre de ce fait à une universalité objective. Ils ne font pas progresser la connaissance. Ce sont des heuristiques qui n’ont d’usage que régulateur. De même, le concept d’une finalité objective de la nature selon des lois empiriques n’est pas un concept d’objet tel que le constituerait un jugement déterminant. Il s’agit plus proprement d’un principe de la faculté de juger nécessaire pour que le Gemüt puisse s’orienter dans la diversité excessive de la nature.
Ainsi, nous pouvons considérer que la beauté de la nature n’est rien de plus que la présentation du concept d’une finalité formelle subjective et que les fins naturelles ne sont que la présentation du concept d’une finalité réelle objective. L’une est appréhendée esthétiquement par le goût et le sentiment de plaisir, les autres logiquement par l’entendement selon des concepts. De là provient la bipartition de la Critique de la Faculté de Juger en une critique de la faculté de juger esthétique et une