La condition feminine traditionnelle en chine
Depuis le début des années 1980, on assiste à une remise en question de la vision un peu simpliste, qui a prévalu jusque-là, de la femme chinoise traditionnelle \ victime passive d'une société patriarcale. Dans les années 1990, les études sur le sujet se sont multipliées, avec des approches variées et des contributions importantes de toutes les disciplines. Nous tenterons ici de faire le point sur l'état de la recherche, à partir de quelques travaux récents, particulièrement en langue anglaise, qui nous paraissent exemplaires. La femme chinoise traditionnelle, victime des réformateurs du XXe siècle ? Les études publiées depuis une vingtaine d'années corrigent, voire transforment l'image simpliste de la femme chinoise traditionnelle, telle qu'elle s'était imposée à partir de la fin du XIXe siècle dans les milieux progressistes en Chine. Réformateurs, révolutionnaires et féministes, de manière quasiment unanime, avaient dépeint la femme traditionnelle comme la victime passive d'une société patriarcale façonnée par les valeurs du néoconfuciaPar « femme chinoise traditionnelle », nous entendrons ici la femme chinoise jusqu'à la chiite de l'Empire en 1911.
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Etudes chinoises, vol. XXII (2003)
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nisme. Furent notamment dénoncés l'infanticide des filles, le bandage des pieds, l'inégalité dans l'éducation, l'inégalité dans le mariage, la ségrégation des sexes et le confinement de la femme à l'intérieur de la maison, le statut des veuves, interdites de remariage et souvent poussées au suicide, en un mot, la soumission, à tous les âges de la vie, de la femme aux hommes. Chen Duxiu, Lu Xun, ou encore Chen Dongyuan, auteur de la première histoire de la femme chinoise (Zhongguo funû shenghuo shi, 1937), contribuèrent à véhiculer cette représentation très négative de la femme traditionnelle. Cette optique domina dans les milieux académiques jusque dans les années