La démentibulation
Nous y voilà.
C'est étrange, n'est-ce pas ? On se retourne sur notre passé et on se demande : comment, pourquoi ? Avec ce regard faussement indifférent, cette fuite en avant. Mais il y a cette moue horrifiée sur tes lèvres que tu essaies en vain de cacher, de gommer. Elle prend de plus en plus d’ampleur et tu n'arrives plus très bien à l'effacer.
Je me demande si tu m'en veux parfois. Si dans le noir, dans la nuit, au milieu de tes insomnies tu me fixes et penses à une manière d'en finir. Tu caresses ton oreiller et t'imagines sûrement m'étouffer avec. Mais tu ne peux pas, n'est-ce pas ? Tu ne serais rien sans moi.
Je t'ai capturée, t'ai retournée et fait virevolter. Tu n'en pouvais plus et tu tournais, tournais accrochée à mes mensonges affreusement délicieux. Tu volais de Mars à Saturne, puis passait par Jupiter et Neptune. Je te détruisais et, rongée par les flammes qui te dévoraient, tu riais. Tu en devenais folle des illusions que je te faisais voir, elles t'enchantaient et tu ne pensais plus qu'aux artifices qui se dégageaient de moi, à mes sourires fallacieux et mes insipides mots d'amour.
Je te pensais plus intelligente que ça.
Mais tu étais juste perdue. Tu te noyais sous mes yeux et sans trop savoir pourquoi je t'ai repêchée alors que moi même, je m'enfonçais dans le sable mouvant qui m'entourait. Alors je t'ai capturée. J'ai changé ta droiture, ton sens de l'honneur et seuls tes sourires déchirés et abîmes sont restés. Tous ce qu'il y avait de bon en toi, je l'ai avalé et recraché puis je t'ai entraînée dans la noirceur qui m'habitait, qui me rongeait, ne laissant plus aucunes traces de ce que, avant, tu étais. Parce qu'au fond, je n'étais qu'un lâche qui ne voulait pas succomber seul.
Tu es devenue ma compagne de galère, ma petite lionne blessée, disloquée, anesthésiée de toute douleur.
Anesthêsia, Anesthêsia restes avec moi, ne bouges pas.
Et au lieu de te sauver, j'ai laissé les flammes qui te rongeaient te