La naissance de la responsabilité politique des ministres en france
« Le jour où il sera établi de fait que la Chambre peut repousser les ministres du roi, ce jour-là nous sommes en République ». Guernon-Ranville, ministre de l'Instruction publique, énonce clairement la non-responsabilité des ministres devant le Parlement qui apparaît pour lui comme une des clefs de voûte du régime républicain. En effet, la responsabilité politique des ministres face au parlement n'était pas encore mise en place en France. En droit constitutionnel, la responsabilité politique désigne l'obligation pour les ministres, dans le régime parlementaire, de quitter le pouvoir lorsqu'ils n'ont plus la confiance du Parlement. Chronologiquement, la plus ancienne en date est la responsabilité pénale, par laquelle il est notamment mis fin à la fonction du ministre qui s'est rendu coupable d'un délit, d'un crime, ou a failli à sa mission de façon grave et de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de l'État (sanction qui peut être assortie de condamnations pénales). Seconde forme de responsabilité, la responsabilité politique est apparue peu à peu, affirmant clairement son existence pour la première fois à la fin du XIXe siècle. La responsabilité politique des ministres n'est pas moins contraignante que la responsabilité pénale, mais son domaine d'application et ses effets sont différents : elle consiste en la démission ou le remerciement d'un ou plusieurs ministres (voire d'un gouvernement entier) suite à un refus de l'institution dont il dépend de soutenir son action. Cette institution peut être, selon les époques, soit un organe exécutif, soit un organe législatif, soit les deux. Enfin, et c'est probablement le plus important, que doit-on entendre par ministre ? La fonction qui se cache derrière le titre n'a pas toujours eu le sens que nous lui connaissons aujourd'hui. Parfois, le titre même a changé, mais sans modifier le rôle fondamental du ministre :