La parole perdue
Le substitut est ce qui tient lieu d’autre chose ; il est ce qui lui est substitué. Ainsi en va-t-il par exemple des signes et, plus généralement, des idées qui se substituent à des choses pour les représenter. Il semble ainsi que, grâce à ce phénomène mental qu’est la substitution, les choses les plus éloignées de nous, voire les plus inaccessibles à notre expérience, nous soient quand même présentes : ce qui nous est présent, c’est un nom. Et un nom est un substitut d’un caractère abstrait qui lui-même est un substitut d’un caractère abstrait qui lui-même est un substitut de chose. Le mot Maçon, par exemple, est un signe, lui-même signe d’une langue alphabétique, le français, censé représenter un homme engagé dans un processus de dépassement de soi à caractère matériel et (ou) spirituel.
Ainsi la substitution est-elle, dans l’ordre du discours, l’élimination d’un mot par un autre qui en a pris le sens : le mot entendre, par exemple, sous sa forme entendu, qui signifiait, à l’époque classique, comprendre, devient oui (j’ai entendu). Et ce mécanisme est spontané, naturel, comme allant de soi. Au plan ontologique, il apparaît comme totalement neutre : je n’ai pas à