La troisième republique et la colonisation francaise
« Le peuple qui colonise le plus est le premier peuple ; s’il ne l’est pas aujourd’hui il le sera demain. » disait Pierre Leroy-Beaulieu dans son ouvrage De la colonisation chez les peuples modernes (1896). En effet, en France sous la troisième République, le phénomène de colonisation était considéré par les intellectuels comme la forme de développement moderne des sociétés industrielles, censée redonner une impulsion salvatrice aux rapports extérieurs de cette France dont le rayonnement international avait été entravé par la défaite de 1871 contre l’Allemagne et la perte de l’Alsace Loraine qui en avait résulté. La construction d’un empire – d’un ensemble de territoires, de pays, gouvernés par une autorité unique – était dans cette optique supposée permettre à la France de recouvrer son statut de grande puissance. La dynamique de colonisation correspond à l’appropriation par un Etat – une métropole – des ressources (matérielles, humaines, administratives, territoriales, etc.) d’un pays ou d’un territoire qu’elle aura liberté d’utiliser à son gré dans l’objectif du service de ses intérêts particuliers. Tout au long de cette période, de 1870 à 1940, s’est mise en place une course à la colonisation entre les grandes puissances européennes. Elle ne se restreint bien entendu pas à cette période, mais en ce qui concerne la France les motivations de l’entreprise coloniale ont évolué de manière significative au fil des siècles, et cette période, en plus de forger l’ultime empire colonial qui se verra détruire par le processus de décolonisation, est motivée par une combinaison de facteurs particulièrement riche. En effet, la fin du XIXe siècle est fille de la révolution industrielle, et donc de la révolution des transports (bateaux à vapeur, chemin de fer, etc.), de l’industrie, et de l’économie. Parallèlement, l’on voit apparaître l’embryon de la mondialisation, les échanges internationaux s’accélèrent tant au niveau du commerce qu’aux niveaux