Paradoxalement, c’est lors d’un séjour pénible à Rome que Joachim du Bellay (1522-1560), natif de Liré en Anjou, écrit son poème Le beau voyage. Ce poème tiré de Les Regrets, œuvre la plus célèbre de l’auteur, est composé de deux quatrains et deux tercets d’alexandrins (12 pieds par vers) et possède un schéma de rimes ABBA ABBA CCD EED. Les poèmes de ce recueil respectent les caractéristiques du sonnet classique. L’auteur exprime dans ce poème la nostalgie qui rattrape son goût pour le voyage. La première strophe nous parle du voyage et de la joie d’en revenir. Dans la seconde, du Bellay raconte sa nostalgie et il se sert des six derniers vers pour opposer ces deux thèmes.

Dans ses deux premiers vers, l’auteur fait référence à deux personnages héroïques de la mythologie grecque : dans un premier temps, il mentionne Ulysse qui ne rentra chez lui qu’après un périple de dix ans. Dans un deuxième temps, du Bellay fait référence à Jason qui conquit la toison d’or. Ces personnages ont pour points en commun d’avoir fait de longs voyages et d’avoir traversé de nombreuses épreuves avant d’être retournés victorieux à la maison. Du Bellay les dit heureux car il pense que la grande beauté du voyage c’est d’en retirer des apprentissages (v. 3 : « plein d’usage et raison » est une figure de style, une personne ne pouvant être remplie de raison) et d’en revenir glorieux et assagit vers sa maison et sa famille bien-aimée. Dans le quatrième vers : « vivre entre ses parents le reste de son âge » est aussi une figure de style puisqu’on ne peut vivre littéralement entre ses parents. Celle-ci permet d’imager son désir d’être proche de sa famille. Malgré ces belles pensées pour le voyage, Joachim du Bellay n’aura su retirer beaucoup de joie du sien.

La deuxième strophe est un cri de désespoir et de nostalgie (v.5 : « hélas »). Il souhaite ardemment retourner dans son « petit village ». La figure de style par laquelle il donne une cheminée à son village (v. 5-6 : « de