le canoë
Le canoë
Bien caché au cœur de la verdure, à l’abri des regards des hommes, Leuk continuait à observer les villageois.
Il était en particulier fasciné par leurs canoës, ces embarcations qui leur permettaient de naviguer sur la rivière, sous les branches des arbres qui se rejoignent pour former une voûte végétale.
Il regardait avec envie les hommes glisser sur l’eau pour descendre la rivière et pagayer avec habileté tout en chantant pour remonter le courant.
Le temps passant, la pagaie lui semblait de plus en plus facile à manier et le canoë de plus en plus facile à diriger.
Un jour, Leuk se dit : « Ce n’est pas si difficile de propulser un canoë ; j’en ai assez appris à force de regarder ! ». Il décida alors de tenter lui-même l’expérience.
Profitant d’un rassemblement à l’ombre de l’arbre à palabres, il s’approcha de l’embarcation convoitée et hop ! il s’installa à l’intérieur. Il s’empara de la pagaie et réussit sans trop d’effort à la manier suffisamment bien pour s’éloigner silencieusement du village.
Il avait la sensation d'être au coeur de la nature. Les seuls bruits qu’il entendait étaient ceux de l'eau, du vent et de la faune sauvage. Il goûtait aux plaisirs de la rivière.
Mais ce qu’il ignorait, c’est qu’une bonne condition physique est fortement recommandée pour ce type d’expédition. Or, ses aventures passées l’avaient fatigué et ses bras faiblissaient.
Au détour d'un méandre, il voulut s’approcher du rivage pour remettre pied à terre. C’est alors qu’il se rendit compte qu’il ne savait pas manœuvrer. Il comprit aussi qu’un canoë, ça peut se retourner, car à force de se pencher il faillit le renverser.
Ses mouvements désordonnés réveillèrent un crocodile qui sommeillait dans le profond silence de l’eau. Affolé, il le vit bailler largement, écartant ses impressionnantes mâchoires révélant ainsi sa redoutable dentition.
Il respira profondément pour maîtriser sa peur.